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C’est le D-Day. Celui de sa rentrée des classes outre-Atlantique. Pour ce premier jour, sa maman d’accueil la dépose en voiture. Le bus jaune attendra. Je vous raconte ? Let’s go !
Réveil très matinal pour n°1 : 6 h du matin, ça pique un peu. En ce jour de rentrée, elle doit se présenter trente minutes avant le début des cours, le temps de prendre possession notamment de son casier (les fameux) : un cauchemar dixit ma fille. La moitié du lycée connait son code puisqu’elle n’a jamais réussi à l’ouvrir seule.
Manque de chance, la personne qui devait l’accueillir… n’est pas là. Résultat, elle se retrouve plantée comme un piquet dans le hall, pendant que les élèves investissent les lieux en la regardant avec curiosité : qui est donc cette inconnue ? Elle qui déteste être au centre de l’attention… Pour la discrétion, on repassera.
Fort heureusement le malaise se dissipe rapidement avec l’arrivée de la conseillère. Petit détour par le bureau puis, emploi du temps à la main, elle fait le tour du lycée pour repérer toutes ses salles de classes, le réfectoire, la bibliothèque…
Cette fois-ci, les couloirs sont vides : tous les élèves sont regroupés dans le gigantesque amphithéâtre pour la traditionnelle réunion de début de semaine, à laquelle Nina est finalement soulagée de ne pas assister. Elle échappe de peu à la corvée de monter sur scène devant tout ce beau monde pour se présenter. Comme je lui dis souvent, les choses arrivent rarement par hasard.
Petit choc culturel
Première différence avec la France : si les élèves ne portent pas l’uniforme, ils doivent se soumettre à un dress code assez strict. Pantalon droit, style docker ou en sergé, noir, marine, beige, gris ou brun. Chemise cravate pour les garçons, blouse ou chemisier habillé pour les filles. Et aux pieds, point de fantaisie : exit les baskets, place aux mocassins. Couleur unie, en cuir. En bref, tenue correcte exigée.
Évidemment, n°1 n’avait rien de tout ça dans ses placards, elle a donc eu droit à une belle séance shopping avec sa tante avant le départ. Je vous passe les protestations d’usage, l’idée de s’endimancher pour aller au lycée ne l’enchantait pas. Finalement, dès les premiers jours, elle y a trouvé un avantage non négligeable : pas besoin de passer trois heures à choisir sa tenue la veille.
Son tout premier cours : anglais. Quoi de mieux pour plonger dans le grand bain ? Elle intègre la classe comme si elle en faisait partie depuis le début de l’année. Elle surprend bien quelques chuchotement de la part de ses nouveaux camarades, mais ils se dissipent vite.
Car il s’avère que ce jour là, c’est jour de film ! The pianist, en anglais et sans sous-titres. Ma fille regarde des films et séries en anglais, cela ne lui pose donc pas trop de problèmes pour suivre. Ni pour échanger avec ses camarades.
Charlie, un étudiant chinois en échange scolaire également, se présente à elle et lui propose de l’accompagner au cours suivant : les maths. Le professeur lui donne d’entrée un pavé de 42 pages, soit l’équivalent du chapitre en cours. Très vite, elle remarque qu’il existe un fossé entre ce qu’elle connait depuis le début de sa scolarité, et les habitudes des étudiants américains.
Relax, take it easy
Certains élèvent pianotent sur leur téléphone, AirPods vissés aux oreilles sans que cela ne semble choquer personne, pas même le professeur. À la table voisine, d’autres lycéens semblent plus préoccupés de se raconter leur week-end que de suivre la leçon. Un jeune couple s’autorise même un hug : ça passe crème. Elle trouve cependant l’ambiance, bien que détendue, propice au travail.
Le prof pose une question, dont ma fille connait la réponse. Timidement, elle lève la main, mais sa tentative de participation est interrompue par une autre élève, qui l’annonce sans préambule. À la fin du cours, le professeur lui explique qu’elle n’a pas besoin de lever la main pour participer, il lui suffit juste… de prendre la parole. Cette habitude bien ancrée semble amuser ses camarades.
En ce premier jour, elle découvre également le cours de théologie. Un peu dubitative au départ, elle finira par se passionner pour le sujet. Dernier cours de la matinée : Espagnol. Parfait pour n°1, qui adore cette matière. Partie dans son élan, elle participe volontiers, et s’amuse de la réaction de son prof : « C’est marrant, quand tu parles espagnol, tu as l’accent français ». Fou rire dans la classe, auquel se joint ma fille.
Clichés et compagnie
Le paradis. Voilà le mot utilisé par n°1 pour décrire sa première expérience… à la cafétéria, lieu qui concentre beaucoup de clichés, véhiculés par les teen movies et autres séries télé. Clichés ? Peut-être pas tant que ça.
Première (bonne) surprise : un choix de boissons à l’infini. Exit la carafe d’eau à remplir à la fontaine. En entrée, bar à salades, fritures et compagnie. Son émerveillement se poursuit lorsqu’elle pousse son plateau jusqu’au stand du plat principal, où elle découvre… hamburger/frites ! Et vous prendrez bien un petit paquet de chips au stand snacks pour accompagner le tout ? Histoire de terminer le repas sur une note plus diététique, deux cookies au chocolat. Foutu pour foutu, autant se faire plaisir. Dans son lycée, l’étudiant ne paie que ce qu’il a sur son plateau. Libre à lui de le composer en fonction de son appétit.
La conseillère l’accompagne, elle veut être certaine que ma fille ne mangera pas seule. Aucun soucis, comme depuis le matin, elle est très bien accueillie. Premiers échanges en dehors d’une salle de classe, premières rencontres, naissance des premières complicités.
Nouveauté pour elle : le temps de repas est extrêmement court : à peine trois-quart d’heure entre le dernier cours et le suivant contre 1 h 30 à 2 h dans son lycée en France.
La journée se termine à 14 h 45 par un cours optionnel : graphic design. Il existe toute une multitude d’activités extra-scolaires l’après-midi. Mais elle n’y participe pas encore.
School bus
Et la voici enfin prête à grimper dans le fameux bus jaune, le ramassage scolaire made in USA. N°1 adore : pas besoin de se déplacer, le bus s’arrête devant le domicile de chaque élève à l’aller comme au retour. Alors forcément, chaque avantage présente ses inconvénients : le trajet s’en trouve sensiblement rallongé : une heure contre quinze minutes en voiture . Le matin, nombreux sont ceux qui en profitent pour terminer leur nuit.
La prof de français la sollicite dès le deuxième jour pour qu’elle participe à l’une de ses classes de 4e (8th grade). Elle accepte volontiers. Pour la première fois depuis son arrivée sur le sol américain, la prof l’accueille en classe… par une bise, sous le regard choqué des collégiens, peu habitués à ce genre d’effusion. Cela a beaucoup amusé ma fille.
Le mercredi, cours de sport : volley. Elle ne touche pas une balle, ses camarades semblent hésiter à la lui passer. Première touche premier point marqué, elle sera beaucoup plus sollicitée le reste de l’heure. Ma fille m’explique que dans son lycée, et aux États-Unis en général, le sport tient une place très importante, et que les élèves sont très compétitifs. Le fait de montrer quelques qualités dans le domaine lui semble donc un bon moyen de s’intégrer.
La première semaine touche déjà à sa fin, ce vendredi-là étant une journée pédagogique dans son lycée. Son séjour commence sur les chapeaux de roues, de quoi envisager la suite sereinement. Mais rien ne va se passer comme prévu…
Stay tuned : la suite au prochain épisode