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Dans la famille d’accueil de n°1, je vous présente Ken, le papa. Pour ce huitième épisode, je lui cède le clavier. Pourquoi, depuis quand, les différentes rencontres et l’expérience de Nina : il vous dit tout.
PS : je me suis chargée de la traduction, j’espère m’approcher au mieux du texte de Ken, que je propose en version originale en fin d’article.
C’est drôle comme on sait quand on est prêt à essayer quelque chose de nouveau, à se lancer dans une expérience hors-normes. Ma femme et moi nous sommes toujours investis partout où nous somme allés : l’église, les activités scolaires pour les enfants, le travail… Ma femme est l’une de ces bonnes âmes qui ont besoin d’une mission.
Il y a environ six ans, des amis et les administrateurs de l’Institut Aquinas (où elle est bénévole depuis des années) lui ont demandé si nous accepterions d’accueillir un étudiant en échange international, venant d’Asie ou d’Europe. Nous serions leur papa et maman d’accueil le temps d’une année scolaire. Nos enfants avaient grandi, obtenu leur diplôme et quitté le nid : j’ai aimé l’idée. Oui, nous étions certainement prêts tenter l’aventure et oui, j’étais partant. À ce jour, nous avons accueilli cinq étudiants : trois venant de Chine, un de Corée du Sud et un d’Europe.
Échanges et partage
Notre première étudiante, originaire de Chine, était calme, sérieuse, studieuse et cela nous a vraiment fait prendre conscience de nos différences culturelles. À travers son engagement dans le travail scolaire et son désir de réussite, j’ai découvert le contraste profond de la jeunesse de son pays, très différente de la nôtre en Amérique, à une époque où les choses évoluent constamment. Cela nous a donné un bon aperçu de ce qui nous attendait, puisque nous avons continué à accueillir des jeunes via l’agence et le programme d’échange. Nous apprenions d’eux, ils apprenaient de nous, et cela nous convenait.
Notre deuxième étudiante est arrivé de Corée du Sud. J’ai appris qu’elle voulait se focaliser sur la musique et, comme je suis aussi musicien, l’entente était évidente. Je suis très actif sur la scène musicale locale et dans les cercles musicaux universitaires ici, à Rochester. Elle m’a donc accompagné dans toutes mes activités. Nous l’avons même inscrite à l’Eastman School Community Music (U of R – Université de Rochester) pour qu’elle y suive des cours : elle s’y rendait tous les jours après avoir terminé sa journée à Aquinas. Je me suis efforcé de lui offrir toutes les opportunités et toutes les occasions de pratiquer son art.
Elle est restée avec nous deux ans, nous avons fait la connaissance de ses parents, restés en Corée du Sud (via Facetime) et je l’ai même conduite à Boston (MA) pour ses auditions d’entrée à l’université. Je suis heureux de dire qu’elle sera diplômée d’une école de musique de New York l’an prochain, où elle se spécialise en composition et musiques de films. À quel point c’est cool ? John Williams, méfie-toi ! 😉 Nous échangeons et nous rendons régulièrement visite aujourd’hui encore… C’est comme si j’avais une autre fille, venue de l’autre bout du monde !
L’Asie à l’honneur
Nous avons ensuite accueilli deux étudiants chinois, ce qui nous a permis de découvrir leur culture en profondeur. L’accueil d’un étudiant étranger est une expérience enrichissante pour tous les participants. Aujourd’hui, l’un est inscrit en pré-médecine à l’université de Rochester et l’autre est rentré chez lui en Chine pour y terminer ses études. Pendant leur séjour, nous en avons appris davantage sur leur pays et sa culture. Nous avons fait la connaissance de leurs familles et compris les espoirs qu’ils nourrissent en envoyant leur enfant étudier aux États-Unis. Mais nous avons également pu avoir un aperçu de leur nourriture, leurs loisirs, leur gouvernement et bien d’autres choses encore.
Nous avons tous à offrir aux autres. Nous avons tous des compétences, des expériences que nous pouvons partager avec les autres et qui peuvent les aider à apprendre, à comprendre ou appréhender les événements d’un point de vue différent. Je pense qu’il est important de partager ces choses-là avec eux pour les aider à vivre une meilleure et plus merveilleuse expérience. J’aime à penser que nous avons contribué à créer des souvenirs d’une vie, qui voyageront avec eux à des milliers de kilomètres d’ici.
Découverte du vieux continent
La dernière arrivée nous vient de France, elle est un peu plus jeune que les autres qui sont passés par là. Elle voulait découvrir la scolarité aux États-Unis… Pas une année complète, juste un semestre. Elle est arrivée le 6 mars, enthousiaste à l’idée d’avoir pu venir malgré la crise qui secouait le Monde. Elle était impatiente de vivre sa nouvelle aventure : l’école, les cours, les études, la rencontre de nouveaux amis.
Les cours ont duré une semaine. Puis le monde a changé. La pandémie de Covid-19 a mis les États-Unis à l’arrêt. Tout a fermé… tout s’est arrêté. Cette pandémie a changé les choses, rien ne ressemblait plus à ce que nous connaissions. Les cours sont rapidement passés sur des plateformes en ligne. Les bus se sont arrêtés. Tout le monde a été mis en quarantaine et pourtant, elle continuait à s’épanouir. Elle a compris ce qui se passait et elle s’est rapidement adaptée.
Objectifs et projet de vie
J’affirme que cette enfant est intuitive et sage, bien au delà de ce qu’on peut attendre d’une jeune fille de quinze ans. Un exemple ? Ce voyage prévu aux chutes du Niagara qui a été annulé en raison de restrictions de déplacement locales. Sa réaction a été la suivante : « Parfois, nous devons faire des sacrifices à court terme pour le bien de tous. Ce ne sera que temporaire » ! Quoi ? La plupart des enfants auraient boudé ou se seraient fâchés, mais pas elle.
Elle a pris les choses en main et a compris… et oui, elle a finalement pu aller voir les chutes. Et puis il y a eu ce commentaire à propos de la pandémie : « Si nous ne changeons pas notre mode de vie, cela signifie que nous n’avons rien appris de cette expérience. » Oui, elle n’a rien d’une adolescente ordinaire… il y a une âme spéciale ici.
Nous avons parlé de son désir de devenir médecin et de parler couramment l’anglais. Je ne doute pas que si son objectif est de devenir médecin, elle le deviendra. Quant à ses compétences en anglais, je pense qu’elle parle déjà couramment. Nous avons eu beaucoup de plaisir à étudier les dialectes régionaux américains, l’argot, les idiomes. Et même comment prononcer les mots avec l’accent local.
L’aventure continue
J’ai retenu de l’une de nos nombreuses conversations que l’objectif premier de son voyage était d’aller à l’école aux Etats-Unis afin de la comparer à l’école de son pays : points communs, différences, attitudes et pratiques des élèves, règles, opportunités offertes… Les enfants sont-ils les mêmes ? Les enfants sont-ils différents ? En quoi sont-ils différents ? Que font-ils là-bas qu’ils ne font pas ici ?
Notre jeune invitée s’est fait de nouveaux amis, s’est liée avec ma famille, a navigué et fait du bateau sur nos Grands Lacs, s’est assise dans le cockpit d’un avion de la Seconde Guerre mondiale qui a participé au Débarquement pour libérer l’Europe. Nous avons cuisiné et fait des pâtisseries, partagé des recettes. Nous avons fait les idiots et nous avons été très sérieux. J’ai également pu me rendre compte à quel point sa famille est importante pour elle.
Elle a assisté le professeur de français à Aquinas dans ses cours en tant qu’invitée spéciale et vient de remporter le prix de l’étudiant du mois en sciences et technologie. Puis, elle a été admise à l’Institut d’Aquinas pour terminer ses études secondaires.
Indépendante, compétitive, dotée d’une forte volonté, sérieuse sur le plan scolaire et en mission. Oui, ce sont là des mots qui la définissent bien. Sa mission est de déployer ses jeunes ailes pour l’emmener dans des endroits qu’elle veut ou doit explorer. Pour apprendre qui elle est et où elle se sentira comprise et intégrée. Elle a travaillé, planifié et s’est battue pendant près de deux ans pour que son rêve devienne réalité. Je suis heureux qu’elle l’ait fait ; sa présence ici nous a tous enrichis, et je me réjouis à l’idée d’accueillir à nouveau cette « Américan Frenchie ».
Ken Colombo
Stay tuned : la suite au prochain épisode